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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 08:04

Quelques discussions précédentes me conduisent à attirer l'attention sur un point délicat de la "lutte contre les gaz à effet de serre (GES) ", point qui pourrait être considéré comme un seul problème de vocabulaire, mais en réalité recouvre une réalité essentielle qui explique facilement pourquoi la "luttre contre les GES" parait aussi inefficace. Il est dans le sens du mot "réduction".

En effet l'économie est considérée comme l'étude (j'ose à peine dire science) de la production de biens (matériels et immatériels), son but affiché étant de trouver la manière de l'optimiser. L'idée générale de la lutte contre les GES est que l'accumulation de CO2 étant nuisible à la qualité de la vie humaine, il convient de "réduire " au maximum leur production. Mais réduire quoi , au juste ?

Il y a en effet trois quantités très différentes qu'on peut considérer :

* la quantité de CO2 produite par unité de service rendu. C'est ce que mesure par exemple la consommation d'une voiture, en mesurant le nombre de grammes de CO2 / km parcouru. Cette quantité sera appelée "l'intensité carbonée" de l'économie, elle mesure "l'efficacité" (ou plutot ici l'inefficacité) avec laquelle nous utilisons nos fossiles pour produire des biens utiles. Pour la mesurer quantitativement, on peut par exemple la ramener à la consommation par unité de PIB . Supposons qu'elle a une valeur moyenne I , qui s'exprimera par exemple en g CO2 / $ de PIB. 

* la production annuelle de CO2 , celle qui figure le plus souvent dans les bilans nationaux et mondiaux: cette fois on ne mesure pas l'intensité par unité de biens produits, mais la quantité totale produite. Elle dépend bien évidemment de la richesse. Deux pays peuvent avoir des intensités carbonées très proches , mais des économies très différentes. Les Etats Unis par exemple ont une intensité carbonée proche de la moyenne mondiale, proche de celle de nombreux pays africains, mais produisent bien plus de CO2 parce qu'ils sont juste bien plus riches ! cette quantité est donc le produit de la précédente I par le PIB P .

C = I x P 

* la quantité TOTALE de CO2 qu'on produira dans l'histoire de l'humanité . Cette fois, c'est la quantité précédente (production annuelle) multiplié par le temps qu'on les extraira. La consommation est variable avec le temps, la quantité pertinente est l'intégrale de C(t), mais en prenant la consommation moyenne sur une période, ça revient à prendre 

Q = C x T = I x P x T

 

La quantité totale de CO2 est donc le produit de TROIS grandeurs : l'intensité carbonée, le PIB produit, et le temps pendant lequel on va les bruler.

Quand on parle de "réduire", que réduit-on alors ?

le plus souvent, on ne réduit que le premier facteur ! on va chercher par exemple à développer des voitures qui "produisent moins de CO2" (ou par exemple des voitures électriques), c'est à dire chercher à minimiser la production de CO2 pour un bien donné.

Il est évident que pour que ça se traduise automatiquement par une baisse de Q, il faut que ça se fasse à P et T constant. C'est à dire que l'amélioration ne se traduise ni par une augmentation de P, ni par une augmentation de T, qui annihilerait l'effet des efforts fournis. En réalité les efforts fournis ne sont pas inutiles, puisque diminuer I permet d'augmenter P x T , c'est à dire la richesse produite avec la quantité de fossile utilisée mais sans faire varier celle-ci ! pour le dire plus simplement :

l'amélioration de I conduit-elle à consommer finalement MOINS de fossile pour LA MEME richesse produite, ou bien AUTANT de fossile pour PLUS de richesse produite ?

Un instant de réflexion permet de se rendre compte que c'est bien évidemment toujours la deuxième solution qui est privilégiée. Car personne à ma connaissance ne propose de limiter explicitement la richesse mondiale, en interdisant au PIB de croire au-delà d'une certaine valeur, et encore moins d'arrêter de produire des richesses après une certaine date ! 

Une remarque aussi simple est en général totalement occultée par le fait que les économistes partent de scénarios de croissance économique postulée à l'avance , et calculent ensuite la consommation énergétique associée. Cela revient à dire que P est effectivement fixée et sera insensible à la variation de I , mais cette hypothèse n'est pas tenable.

 

En effet tout montre que le monde entier a très largement les besoins d'accroissement de richesses suffisants pour "avaler" tous les progrès faits dans l'intensité énergétique, et que personne n'a les moyens ni les droits pour l'empêcher. La première moitié des ressources d'hydrocarbures est consommée par environ 15 % de la population mondiale, la seconde moitié par 85 % , donc plus de 5 fois plus , qui consomment donc 5 fois moins d'énergie en moyenne par habitant. Meme si l'Occident divisait par 2 sa consommation, ce qui est énorme, ça ne libérerait que 10 % de consommation pour les autres. Ce n'est pas énorme, mais c'est toujours ça : qui empêcherait alors les indiens et les chinois de se précipiter sur les ressources énergétiques qu'on leur laisse consommer ? bien évidemment personne. Pour reprendre l'exemple des voitures, cela voudrait dire qu'en construisant des voitures plus économiques, on limite aussi arbitrairement (à combien ?) le nombre de voitures en circulation. Si cela peut avoir un sens en Occident où les besoins en équipement de voitures sont essentiellement remplis, et où donc les politiques de réduction de la consommation peuvent avoir un effet réel sur la consommation totale, on en est en revanche très loin au niveau mondial : seul 20 % de la population mondiale a accès à un parc automobile.

[EDIT] pour illustrer ce fait, je place ici un graphique tiré du site de Jancovici, montrant l'évolution du PIB et de la consommation énergétique de l'OCDE. On voit que le PIB a augmenté plus vite que la consommation et la production de CO2, donc que I a bien diminué, mais nullement Q, car P a encore plus augmenté ! ça illustre donc exactement ce que je développe

http://www.manicore.com/documentation/serre/croissance_graph6.jpg   

Penser limiter le temps T est encore plus absurde. Si on fait des économies d'énergie, on consomme moins (à supposer que le phénomène précédent ne se produise pas , ce qui n'est nullement acquis). Et donc on épuise moins vite les gisements de gaz, de pétrole et de charbon. Est ce que pour autant, on va arrêter de les exploiter après le temps normal auquel ils auraient été épuisés si on avait rien fait  ? autrement dit, si un gisement avait été épuisé en 20 ans sans mesures d'économie, et que les mesures d'économie conduisent à prolonger son existence de 10 ans, est ce qu'on arrête quand même au bout de 20 ans de l'exploiter sous pretexte qu'on en aurait plus eu si on avait rien fait , et qu'on va donc laisser 1/3 du gisement sous terre sans plus jamais y toucher ? bien évidemment que non, pour tout un tas de raisons évidentes. D'abord que la situation "si on avait rien fait" sera totalement virtuelle et que personne ne serait capable de dire quand il aurait été épuisé, et ensuite que même si on le savait, on ne voit pas pourquoi l'exploitant arrêterait volontairement de l'exploiter ni pourquoi les clients s'arrêteraient d'en demander pour cette seule raison.

 

Autrement dit, les fossiles étant une ressource finie, on ne fait que retarder le moment de leur épuisement, sans changer leur quantité totale.

 

En réalité, la situation est pire que ça, parce que paradoxalement, l'amélioration de I conduit en général de façon suprenante à AUGMENTER la quantité totale de fossiles extraits; cette assertion a première vue surprenante avait été pourtant notée dès le XIXe siecle par un économiste, William Jevons, est connu sous le nom de "paradoxe de Jevons" ou "effet rebond". En effet, améliorer I conduit en général à diminuer les coûts d'extraction et faciliter la production de ressources de plus en plus chères, et les rend donc de plus en plus rentables. On le voit par le fait que des techniques de plus en plus efficaces conduisent à aller chercher du pétrole de plus en plus difficile et cher , et donc AUGMENTE la quantité ultime qu'on en extraira. De plus, plus l'intensité énergétique I est faible, plus la richesse produite par unité de fossile est grande, et donc plus il coûte cher de ne pas les extraire.

L'ironie est en réalité que la société moderne n'a jamais cessé d'améliorer son efficacité énergétique (ou plus exactement sa productivité) et que c'est la raison essentielle de sa croissance, y compris en absolu, de sa consommation énergétique. Il est particulièrement étrange de présenter comme une SOLUTION ce qui n'a été en réalité que la CAUSE du problème. Si nous avons autant fait croitre notre consommation énergétique, c'est JUSTEMENT parce que nous avons constamment amélioré nos procédés (y compris d'extraction énergétique) et donc rendu notre machine thermo industrielle de plus en plus optimisée et efficace. L'améliorer encore ne fera que la pousser de plus en plus loin.

Qu'est ce qui la limitera ? la seule chose qui peut le faire, c'est la DIMINUTION de la productivité, et cette diminution n'a aucune raison d'intervenir de manière volontaire, cela reviendrait à faire diminuer volontairement notre efficacité à produire les richesses, ce que personne ne demande et que personne ne fera jamais. La productivité ne diminuera que par la raréfaction des ressources, qui interviendra tôt ou tard, et inversera le mouvement général de croissance économique. Mais ce ne sera certainement pas un choix fait volontairement de gaîté de coeur. 

 

 

 

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commentaires

S
<br /> th : non, je ne connais aucun chercheur du climat personnellement. Cela dit, ceux que je connais familialement (et qui ne travaillent pas sur le climat) ne m’inspirent pas toujours confiance sur le<br /> recul par rapport à leur activité de recherche ;-)<br /> <br /> A nouveau, il n’y a pas de raisons particulières de remettre en question tout ce que dit le GIEC. Cela, c’est l’attitude oppositionnelle de sceptiques professionnels qui sautent sur la moindre<br /> objection sans discernement (le CO2 n’est pas anthropique, et puis il n’a aucun effet sur les T, et puis il n’y a pas de réchauffement, et puis s’il y a un réchauffement il est naturel, et puis<br /> s’il est anthropique il n’est pas grave, etc.). Le GIEC a deux facettes : l’un est une synthèse la plus complète possible de l’état des connaissances, l’autre un conseil aux décideurs sur le nature<br /> dangereuse du RCA. Le premier point est correct, le second me gêne pour les raisons évoquées ci-dessus. La « gravité » de quoique ce soit n’est pas une question scientifique (enfin, sauf<br /> l’interaction des corps sous l’effet de leurs masses ;-) : on demande d’abord des quantifications et qualifications plus précises des phénomènes (boulot du chercheur), et ensuite seulement on juge<br /> du caractère inquiétant ou bénin du résultat (boulot du citoyen). Le problème du climat depuis le début est que nous n’évoluons pas vers des données plus précises sur les grandeurs les plus<br /> importantes. On n'a pas encore résolu la question centrale de la sensibilité que l'on part en flèche sur l'acidification, vaste question sur laquelle on n'a pas le commencement d'un modèle global<br /> comparable aux AOGCM (qui eux-mêmes ne sont pas encore réalistes). Cela donne l'impression d'une course en avant, où l'on suggère des craintes de plus en importantes reposant sur des calculs de<br /> plus en plus incertains.<br /> <br /> Par ailleurs, je pense que le PO et le RCA sont deux problématiques mutuellement exclusives sur le long terme et je ne comprends pas bien comment on peut s’inquiéter des deux (ce qui semble ton<br /> cas). D’une manière ou d’une autre, le PO signifie ralentissement de la croissance, voire décroissance mondiale sous l’effet de la rareté et du coût fossiles. Avec une forte pression pour trouver<br /> des substituts non-fossiles (car s’il ne reste que le charbon pour tout faire, son coût explosera aussi bien et les nations qui en disposent dans leur sous-sol n’auront pas spécialement intérêt à<br /> le disperser sur le marché mondial). Le PO revient à produire sous la contrainte ce que l’on est censé faire par décision volontaire.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Une question : connaissez vous personnellement des spécialistes du climat ?<br /> <br /> Ile se trouve que j'en connais, plusieurs, travaillant à Méteo France ou dans des labos, spécialiste de l'acidification des océans, la captage du CO2 par les sols ou les modèles hydrométriques sur<br /> les Pyrénées.<br /> <br /> Ils sont TOUS extrêmement inquiets des observations, et certains estiment que leur modèles sont trop optimistes car tout va plus vite que prévu : l'augmentation du CH4, la fonte de la banquise, les<br /> mesures de PH, les bilans CO2 des forets sous stress etc....<br /> <br /> Tous sont contributeurs au GIEC, et globalement satisfait du travail de synthèse.<br /> <br /> J'ai tendance à penser qu'ils ont raison, et que leur démarche scientifique est celle la plus proche du "bien penser" de l'éthique d'Edgard Morin.<br /> <br /> Pour répondre à Gilles, partout dans le monde des gens entrent en décroissance choisie, ou votent pour des élus qui travaillent sur des systèmes de rationnement (cas de la GB).<br /> Ils prennent comme acquis les résultats de la science (climat et PO), et agissent pour augmenter la résilence de leur société.<br /> Le discours que tu porte me semble aller dans un sens opposé, et c'est dommage.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Th, je ne fais que constater des réalités : il n'y a que les crises économiques qui ont fait baisser la consommation énergétique, et je ne vois pas que le discours général s'en félicite. Si la<br /> décroissance fait si plaisir que ça à tant de gens, alors les Grecs devraient être le pays le plus heureux du monde actuellement, et les menaces sur l'économie mondiale devraient être saluées<br /> comme une bonne nouvelle. <br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Th : je vais lire votre lien (mes lectures de Morin sont anciennes déjà).<br /> <br /> Pour l’histoire du consensus et de la science, je crains que le débat climatique ait fait plus de mal que de bien. Il est beaucoup trop lié à la politique, cela dès la préhistoire du GIEC et<br /> ensuite avec sa création sous l’égide de gouvernements. Il n’est pas bon que des chercheurs aient une pression forte des politiques et des médias sur leur travail, cela pousse à la précipitation,<br /> la radicalisation, l’exagération et toutes sortes de choses contraires à ce que serait une bonne communication scientifique. Certains chercheurs du climat n’ont jamais hésité à passer de<br /> considérations théoriques sur la physique de l’atmosphère ou de l’océan à des aspects pratiques sur ce que l’homme devrait faire de l’énergie – James Hansen est depuis le début le symbole de cette<br /> confusion dommageable.<br /> <br /> Le job des chercheurs du climat n’est pas de sauver l’humanité, mais d’améliorer leurs modèles : ils n’y parviennent que très lentement. Compenser cela par la multiplication de publications ne<br /> change rien à l’affaire. Ce n’est pas parce que vous avez des tonnes de publications sur un sujet que celui-ci est correctement maîtrisé : par exemple, vous avez des milliers d’articles sur la<br /> schizophrénie sans que l’on dispose réellement d’un modèle complet de cette pathologie (a fortiori un modèle de la conscience normale et pathologique). Même un domaine comme le cancer n’est pas<br /> encore intégralement compris alors qu’il y a des conditions très favorables (fonds énormes depuis 50 ans, communauté scientifique publique et privée très nombreuse, reproductibilité des expériences<br /> in vitro et in vitro, modèles animaux, etc.). Il ne me semble pas que les chercheurs du climat, dont la compréhension implique rien moins que la dynamique petite / grande échelle de l’atmosphère,<br /> de l’hydrosphère, de la cryosphère, de la lithosphère et de la biosphère, puissent se prévaloir de prouesses extraordinaires là où leurs collègues d’autres sciences et autres domaines avancent<br /> beaucoup plus humblement.<br /> <br /> Et de fait, sur des tas de sujets, les modèles climatiques actuels sont incomplets ou incertains : aérosols anthropiques et oganiques, nuages, cycle de l’eau, océans dynamiques, variabilité<br /> intrinsèque périodique ou chaotique, usages des sols, irradiance spectrale, végétation et cycle du carbone en général, glaces, téléconnexions et downscaling régional, etc. Ces manques sont reconnus<br /> noir sur blanc dans les rapports GIEC ou dans la littérature primaire, mais hélas ce n’est pas ce qui est mis en avant dans les résumés où l’on préfère des « likely » qui satisfont peut-être les<br /> médias, mais pas l’esprit critique. Car les manques en question sont quand même énormes quand on prétend faire de la prévision fine sur l’évolution d’un système complexe durant un ou plusieurs<br /> siècles.<br /> <br /> Bien sûr, j’accepte l’opinion scientifique dominante comme la mieux informée sur son sujet et cela vaut pour le climat. Mais ma confiance ultime dans la science ne tient pas tant à la réalité d’un<br /> consensus qu’à la possibilité d’un disensus : la science diffère du dogme parce que l’on ne se repose par sur elle comme sur une vérité définitive ou une théorie complète.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> @skept<br /> Les arguments que tu donnes sont solides et ont été maintes fois dits concernant l'éthique Kantienne.<br /> <br /> Edgdar Morin a écrit un très bon livre sur ce sujet et celui de la compléxité, le 6 eme tome de "la méthode", qui répond pour parti à tes remarques (mais je ne prétend pas maitriser la pensée de<br /> Morin !).<br /> <br /> L'as tu lu ? Sinon, lis à minima cette synthèse : http://nouvellerevuemoderne.free.fr/edgarmorin_ethique.htm<br /> <br /> <br /> J'en retiens ceci, en relation avec notre débat :<br /> <br /> D'abord, une éthique moderne est individuelle :<br /> JE pense que le RC peut conduire à la disparition de la société humaine et aux valeurs auquel JE crois, donc J'agit pour que ça n'arrive pas.<br /> JE pense que si tout le monde prend l'avion alors la terre va à la cata, alors JE ne prend pas l'avion.<br /> etc.<br /> <br /> Ensuite il faut essayer de 'bien penser'. Pour moi, sur des sujets scientifiques, ça passe par la méthode scientifique (papier, peer-review,...), qui est la meilleure méthode qu'on est trouvé pour<br /> ne pas mal penser.<br /> Ainsi 'bien penser' m'amène à considérer comme correct les consensus scientifiques sur le climat, les océans etc.<br /> Ca ne signifie pas avoir raison, on est d’accord... Il s'agit juste d'éviter les pieges principaux et sournois du "mal-pensé" qu'on retrouve trop souvent dans les raisonnements non-complexes, trop<br /> émotionnels etc.<br /> <br /> Il se fait tard... lit un peu Morin et juge si ça éclaire le débat. On en reparlera.<br /> <br /> @Gilles : il me semble avoir répondu plusieurs fois. On peut par exemple faire le choix de réduire la valeur absolue des émissions de GES ou des quantités d'énergie consommées pour anticiper le PO,<br /> augmenter la résilience, satisfaire des engagements type Kyoto, etc...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> D'abord, une éthique moderne est individuelle :<br /> JE pense que le RC peut conduire à la disparition de la société humaine et aux valeurs auquel JE crois, donc J'agit pour que ça n'arrive pas.<br /> JE pense que si tout le monde prend l'avion alors la terre va à la cata, alors JE ne prend pas l'avion.<br /> etc.<br /> <br /> <br /> Et si JE pense que ça ne va rien changer, je le prends quand même : donc globalement, il va falloir convaincre tout le monde que c'est mal pour qu'on arrête de prendre l'avion. Mais que réponds<br /> tu à ceux qui disent : même si on ne prend pas l'avion, on utilisera de toutes façons le pétrole à autre chose, donc ça ne changera rien au final ? exemple concret : combien de climatologues<br /> prennent quand même l'avion pour aller faire leurs recherches au quatre coins du monde et présenter ensuite leurs résultats ? <br /> <br /> <br /> NB : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/07/banquise-arctique-les-images-de-la-fonte.html<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> mar. 5 juil 2011<br /> à 18:35:23<br /> <br /> par chria<br /> <br /> <br /> <br /> @gilles : personne n'a dit que la société moderne va s'écrouler avec quelques degrés de plus... <br /> Et personne ne veut miner la société de consommation. <br /> Arrêtez d'exagérer tout, et de tout mélanger.<br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il faudrait vous mettre d'accord :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite il faut essayer de 'bien penser'. Pour moi, sur des sujets scientifiques, ça passe par la méthode<br /> scientifique (papier, peer-review,...), qui est la meilleure méthode qu'on est trouvé pour ne pas mal penser.<br /> Ainsi 'bien penser' m'amène à considérer comme correct les consensus scientifiques sur le climat, les océans etc.<br /> <br /> <br /> Je suis en désaccord avec cette position, dans le cas d'un doute, qui revient à mettre en avant l'argument d'autorité, et revient à dire aussi qu'on n'aurait jamais dû contredire la position<br /> scientifique dominante. Le pari est effectivement qu'une attitude scientifique correcte doit converger vers un consensus correct. Néanmoins, il y a un certain nombre de cas avérés ou le consensus<br /> scientifique s'est trompé, au moins localement, pour des raisons diverses, les plus graves étant l'implication politique dans le débat (cas du lyssenkisme par exemple). Si on suspecte ce cas là,<br /> on ne peut plus supposer a priori que le consensus est objectif , puisque c'est justement la question posée. Pour prendre une comparaison, on suppose a priori qu'un policier ou un gendarme dit la<br /> vérité, parce qu'il est assermenté. Mais si des raisons diverses font suspecter que ce n'est pas le cas, on ne peut pas utiiiser cet argument a priori pour montrer qu'il a raison. On ne peut pas<br /> utiliser l'argument que les scientifiques ont forcément raison pour prouver qu'ils l'ont.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme pour le policier, si il y a doute, il faut revenir à un examen serré des faits et des arguments et baser sa conviction sur des faits réels, pas sur l'argument du consensus. <br /> <br /> <br /> @Gilles : il me semble avoir répondu plusieurs fois. On peut par exemple faire le choix de réduire la valeur<br /> absolue des émissions de GES ou des quantités d'énergie consommées pour anticiper le PO, augmenter la résilience, satisfaire des engagements type Kyoto, etc...<br /> <br /> <br /> qui fait ce choix de réduire en absolu , quel quota donnes-tu à chacun, et comment tu les fais respecter? je te rappelle que Kyoto ne limitait pas la consommation des PVD, et que ce sont<br /> justement eux qui sont responsables de la croissance actuelle. Est ce que tu proposes d'abolir ça, et donc de les empêcher de se développer, ou non ? <br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Th : "Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre."<br /> <br /> Petite parenthèse philosophique. J'ai lu Hans Jonas et, sans surprise, je ne l'ai pas apprécié. Cette phrase parmi d'autres expose bien le problème. D’abord, les conséquences d’une action ou d’une<br /> inaction humaine ne sont plus anticipables au bout d’un court laps de temps : de bonnes intentions de départ peuvent produire de belles catastrophes par un enchaînement imprévu. Laisser produire du<br /> CO2 mènera peut-être au chaos humain, empêcher d’émettre du CO2 mènera peut-être au chaos humain, celui qui prétend avoir la moindre certitude en ce domaine se trompe. Ensuite, nul ne peut<br /> connaître l’état d’esprit de générations futures. Par exemple, nos ancêtres d’il y a pas si longtemps n’étaient pas spécialement ou majoritairement heurtés par les punitions corporelles et les<br /> tortures, l’esclavage, l’interdiction de l’homosexualité, la peine de mort, la censure a priori de la pensée, les inégalités de genre, la xénophobie, l’enfermement des pauvres, l’inexistence de<br /> droits fondamentaux, etc. Que nous savons-nous de ce que nos descendants du 23e ou du 24e siècles considéreront comme tolérable et intolérable, désirable et indésirable, juste ou injuste ? Pas<br /> grand chose. Enfin, et pour les mêmes raisons, nous ne sommes pas d’accord (entre humains) sur ce qu’est une vie « authentiquement humaine ». Soit il s’agit de mécanismes basiques de l’espèce<br /> (boire, manger, séduire, aimer, se reproduire, penser, échanger…) et ils sont compatibles avec toute une gamme d’actions présentes et de situations futures – car par définition, ces mécanismes<br /> basiques ne disparaissent pas, même si les milieux changent complètement, même si la moitié de la terre est irradiée, même s’il fait +8 °C. Soit il s’agit d’une vision très particulière et plus<br /> substantielle de ce que serait une vie authentiquement humaine, mais elle n’a probablement pas pour elle la force de l’universel (elle constitue simplement une idéologie qui ne dit pas son nom).<br /> J’ajouterais que l’attrait pour la « permanence » dérive probablement de la formation religieuse de Jonas. Je discerne tout sauf de la permanence dans l’évolution humaine, et dans l’évolution tout<br /> court. L’idée que la vie serait répétition du même plutôt qu’émergences aléatoires et trajectoires singulières me semble… la moins authentiquement humaine ! Mais au moins, je ne prêche pas une<br /> quelconque bonne conduite planétaire, je ne produis pas d’injonction universelle à agir ou s’abstenir et je tolère volontiers ceux qui ont une vision différente de la mienne…<br /> <br /> PS : je vais lire ton site.<br /> <br /> <br />
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