
Bonjour à tous !
je me suis enfin convaincu de tenter de reprendre la rédaction de ce blog après une longue période d'interruption, en espérant que mes charges professionnelles m'en laissent le temps, et quelques lecteurs se manifesteront. Beaucoup de choses se sont produites depuis mon dernier post qui date de ... 2013. Ce sera l'occasion donc de nombreux billets (j'espère ) pour faire le point sur les évolutions de la situation énergétique et climatique.
Pour commencer et en sacrifice aux impératifs de la mode médiatique, je vais livrer quelques réflexions sur une personnalité ayant brutalement émergé dans le paysage de la communication climatique : la jeune Greta Thunberg , adolescente suédoise de 16 ans s'étant fait connaître par son appel à la "grève de l'école" le vendredi, pour forcer les pays à tenir leurs engagements climatiques, avant de connaitre une célébrité fulgurante qui l'a menée à faire un discours à l'ONU et être reçue par les plus grands dirigeants de la planète.
Enormément de choses ont déjà été écrites sur Greta, qui soulève autant d'enthousiasme, confinant parfois à la sanctification, que de détestation. Je ne vais pas écrire ici sur le "cas" Greta, sur lequel je pense tout a été écrit, car ce n'est pas le fait qu'une adolescente élevée dans une famille très engagée dans les problèmes écologistes, souffrant d'un syndrome autistique, se sente investie d'une mission quasi messianique de sauver le monde qui est le plus surprenant. C'est plutôt le mouvement général d'adoration de la part de millions de personnes qui eux ne sont ni adolescents, ni autistes, mais qui se sont pris d'une passion dévorante pour cette jeune fille, la célébrant comme celle qui allait -enfin- sauver le monde.
Cette adoration peut en effet paraitre assez surprenante. Voilà plus de 30 ans que le GIEC a été créé. Il a déjà sorti 5 rapports complets et un nombre important de rapports spéciaux. Il a eu le prix Nobel de la paix. Il a conduit à la signature d'importants accords internationaux, dont le très célébré "accord de Paris" qui devait enfin engager les plus gros "pollueurs de la planète" (c'est le nouveau nom des pays industrialisés qui assurent à leur population un confort de vie bien au delà de tout ce dont l'humanité pouvait rêver avant l'ère industrielle) sur le chemin rédempteur de la réduction des gaz à effet de serre. Las, ce que nous dit le discours actuel, c'est en substance que tout cela a été à peu près inutile, et que sans une adolescente de 16 ans nous enjoignant "d'écouter les scientifiques", nous serions incapables de le faire. Greta n'a en elle même aucune compétence spécifique sur le climat ou l'économie. Elle semble elle-même peu encline à courir le risque d'un débat direct sur ces sujets. Elle n'est qu'une icône recueillant le discours ambiant qu'elle entend et le ressortant à la manière d'une adolescente émotive.
Mais pourquoi avons nous besoin d'une adolescente émotive pour motiver des centaines de gouvernements à suivre l'avis des scientifiques ? Qu'est ce qui a empêché jusque là de les suivre, et pourquoi le discours d'une adolescente devrait tout à coup lever les obstacles qui nous ont conduit à globalement ignorer tous les avertissements qui nous ont été pourtant abondamment prodigués depuis 20 ans ?
Il n'y a guère d'explication rationnelle à tout ceci, et donc, il ne peut y avoir que des explications irrationnelles. Greta n'est que ce qu'elle est, mais elle nous montre aussi ce que nous sommes : une société déboussolée qui n'arrive pas à déterminer dans quelle direction elle doit aller, où les injonctions de consommer "toujours moins" sont presque immédiatement suivies d'analyses anxieuses sur le possible redémarrage de la croissance, où les gilets jaunes réclament en même temps une baisse de la fiscalité carbone, une amélioration de leur niveau de vie, et une transition écologique, où les ministres de l'écologie, après nous avoir abondamment sermonnés sur la nécessité de la frugalité, se font prendre la main dans le sac aux vacances aux Maldives, dans leur propriété corse, ou savourant du homard dans leur ministère, et où un discours anxiogène nous met devant une équation impossible à résoudre entre la "fin du monde" et la "fin du mois".
Y a-t-il un indice plus clair que la popularité de Greta Thunberg pour montrer que la plupart des discours autour du climat et de l'énergie se font par des arguments affectifs et irrationnels, et que quoi qu'elle dise, personne n'est vraiment intéressé à comprendre et à examiner de manière scientifique les données du problème ? J'essaierai que ce blog contribue à remettre un peu de raison dans tout cela, en examinant d'un regard critique les informations dont on nous abreuve chaque jour.